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Traversée du lac de Joux

La traversée de la plus grande patinoire naturelle d'Europe, sise dans une région encore préservée du tourisme de masse, est une expérience unique et enchanteresse.
Il y a cinq manières de traverser le lac de Joux gelé. A pied, en raquettes, en patins, à skis de fond et en char à voile.

La plus grande patinoire naturelle de Suisse

Nous écartons la dernière, quoique probablement la plus grisante, car elle nécessite un équipement spécifique et une technique sans doute plus compliquée que les autres.

La longueur du lac de Joux est de 8 km et sa largeur maximale atteint 1,5 km. C'est la plus grande patinoire naturelle de Suisse, quand les conditions s’y prêtent, ce qui est tout de même assez rare. Non parce que le lac est insuffisamment gelé, mais plutôt en raison de la qualité de la glace qui est souvent impropre au patinage.
Il est en effet difficile à Dame Nature de remplir toutes les conditions afin de produire une glace irréprochable. Pour que les patineurs puissent s'élancer sur un véritable miroir, une assez longue période de glaciation sans aucune précipitation de neige est indispensable.

Le village combier du Pont

Heureusement, à part le patinage, les autres possibilités de traverser le lac sont tout autant gratifiantes.
Sur une légère pellicule de neige recouvrant la glace, le ski de fond permet d’atteindre des vitesses appréciables avec l’aide de la bise, généralement présente lors des belles journées ensoleillées de janvier et de février.
Les marcheurs se muniront de crampons pour leurs chaussures, une précaution bien utile pour prévenir les glissades intempestives.
Les cyclistes téméraires apprécient également une glace rugueuse.
Dès que les médias annoncent que le lac de Joux est gelé, le petit village combier du Pont, situé à 1008 m d'altitude, se transforme en station engadinoise.
Si cette situation est idéale pour socialiser autour d'un vacherin du Mont d’Or proposé par un des stands aménagés sur la glace, encore faut-il au préalable avoir trouvé une place pour y garer son véhicule.
C'est pourquoi nous prenons le train pour arriver au Pont. Depuis la gare nous n’avons aucun mal à rejoindre le lac. A la recherche de sensations fortes, nous nous éloignons assez rapidement du bord du lac grouillant de monde.
Il est conseillé de faire la traversée dans le sens de la bise, c'est à dire en direction du Sentier. Comme nous avançons face au soleil, des lunettes et de la crème solaires sont nécessaires pour se protéger car la luminosité est décuplée par la réverbération sur la glace.
Après quelques centaines de mètres, nous disposons de l’espace suffisant pour étirer nos skis, patins ou raquettes. Nous mettons résolument le cap sur le Sentier.

Bruits caractéristiques de la glace

Durant la première portion du trajet, nous longeons les Roches qui rendent la rive du lac inaccessible aux promeneurs en été.
Les Charbonnières, le Séchey et le Lieu sont des villages situés sur la rive ouest du lac de Joux, mais séparés du lac par des rochers et la forêt du Revers dont l’altitude frise les 1100 m. Durant l’hiver, l'ombre atteint cette partie du lac en premier, si bien qu’il est préférable de rester au milieu du lac si votre ballade débute vers le milieu de l’après-midi.

Depuis la rive ouest quelques chemins escarpés permettent de rejoindre le bord du lac, tel le Chemin au Ministre. Le plus accessible et celui provenant du village du Lieu qui accède au lac, à mi-distance du Pont et du Solliat. Ce qui permet de raccourcir sensiblement le trajet pour ceux qui ne désirent pas faire la traversée complète.

Il est risqué de s’engager sur le lac à partir d’une zone non surveillée et non signalisée. La plupart des accès fréquentés comportent un drapeau vert ou rouge. Le vert doit être impérativement hissé pour parcourir le lac sans danger.

Nous sommes maintenant au milieu du lac, et les promeneurs se font de plus en plus rares. Lors d’une première traversée effectuée en solitaire, vous serez sans doute surpris par les bruits caractéristiques de la glace qui se dilate sous vos pieds. Surtout ne paniquez pas, c’est un phénomène tout à fait normal. La glace subit des variations de température sensibles entre les nuits glaciales de la vallée de Joux avec des températures qui franchissent allègrement les moins 15 degrés et les journées qui avoisinent zéro degré.

Entre Le Pont et la Golisse, les fissures superficielles de la glace se transforment souvent en crevasses impressionnantes partageant le lac sur toute sa largeur. Les grandes plaques de glace s’entrechoquent et laissent par endroits remonter l’eau du lac. La glace n’a pas subitement fondu comme les observateurs non avertis pourraient le penser. Quoi qu’il en soit, le spectacle n’est pas vraiment engageant ! Ces passages délicats doivent donc être négociés avec précaution. Au besoin, n’hésitez pas à vous rendre vers le rivage pour les franchir plus aisément.

Une bouée blanche immergée dans la glace se situe au milieu du lac. C’est un bon point de repère pour apprécier le temps qu’il vous reste pour terminer votre périple. A noter que pour éviter de vous faire surprendre par la nuit, vous pouvez toujours traverser le lac dans le sens de la largeur en direction d'un des villages visibles.

Souvenir impérissable

Les villages de Vers chez Grosjean, Vers chez Aron et Les Bioux baignent dans la lumière et il est agréable en hiver de s’y attarder jusqu’au coucher du soleil.
En Bégroy, la belle plage de galets a disparu sous la neige et se confond avec le lac. A la hauteur des Esserts de Rive, nous commençons à nous approcher de la rive. C’est le meilleur parcours et le plus sûr pour rejoindre le bout du lac. L’embouchure de l’Orbe se trouve vers l’Orient, dans une zone à éviter car elle n'est pas toujours prise par la glace. De plus cette zone est souvent signalisée avec le drapeau rouge en raison des fonds marécageux instables. Mieux vaut donc longer la rive pour éviter les mauvaises surprises.
Nous sortons du lac vers l’Arcadie, nous sommes à 200 m de la gare de Solliat Golisse.
Ainsi s’achève une traversée qui laissera un souvenir impérissable à tous les amateurs de paysages nordiques.

Résumé

Parcours : environ 8 km
Itinéraire : Le Pont - La Golisse
Départ : Le Pont, altitude 1008 m
Arrivée : La Golisse, altitude 1015 m
Durée : selon le moyen de déplacement utilisé, il faut compter environ 2h30 (20 minutes au kilomètre) pour la marche