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Comprendre une personne abusive

Nous avons tendance à nous indigner lorsque l'attitude d'une personne abusive nous est incompréhensible. Malheureusement nous ne parvenons pas à faire preuve de discernement tant que nous raisonnons selon nos propres principes.

Illusion de partager les mêmes valeurs

« L’oppression du non-dit, du non-à-dire et du non-à-penser se desserrait ; le poids des secrets imposés se levait ; l’air devenait léger à respirer ; les yeux se dessillaient ; la compréhension revivait ; la pensée galopait ; les significations longtemps étouffées resurgissaient en foule ; les fils rompus se rejoignaient ; les nœuds se dénouaient sous les yeux émerveillés des rescapés d’un virus. » Paul Racamier

Avant d'acquérir la capacité de décrypter le comportement d'une personne abusive, nous entretenons l'illusion qu'elle partage les mêmes valeurs que nous.

Nous sommes dans un état de choc et d'impuissance quand nous réalisons que la nature de ces personnes est diamétralement opposée à la nôtre. Nous refusons d'abord d'admettre cette évidence. En accord avec notre manière de concevoir les rapports humains, nous accordons ensuite à ces personnes le bénéfice du doute. Nous continuons de subir leur influence néfaste tant que nous manifestons le vain espoir de changer leur attitude.

Vision dualiste

Ce n'est que lorsque l'abus a pris des proportions inacceptables, que nous émettons l'hypothèse d'un antagonisme insidieux s’exerçant contre nous.
Très souvent nous finissons par adopter, comme eux, une vision dualiste de la situation. Nous avons tendance alors à réduire la réalité à deux pôles : le bien opposé au mal, nous à eux. Plutôt que d'observer le phénomène de l'abus de l'extérieur, avec toute la vigilance et la lucidité d'un juge impartial, nous finissons, nous aussi, par voir le monde en noir ou en blanc.

Mais ce faisant, nous rendons le meilleur service qu'il soit à ces personnes. Celui d'adopter leur mode de pensée manichéenne. Avec une différence notoire toutefois: la personne abusive a dépassé le stade du doute qui continue de nous assaillir.

Les dangers de cette perception réductrice sont les suivants:
1) Le sentiment d'avoir été grugé nous scandalise d'autant plus que nous n'avons rien vu venir. Nous diabolisons la personne abusive car selon notre estimation seule une personne maléfique est capable de préméditer de tels actes.
2) Comme nous avons aimé cette personne, et que secrètement nous espérons souvent nous réconcilier avec elle, nous ressentons la culpabilité d'avoir dressé un portrait si négatif. Nous concluons à tort que la personne abusive est victime d'un aveuglement passager. Nous espérons lui faire retrouver la raison. Comme nous nous heurtons à un mur réfractaire à toute conciliation, nous régressons au point 1.
3) En fonction de nos humeurs, nous passons d'un état d'esprit à l'autre (du point 1 au 2, et vice versa), sans distinguer les zones intermédiaires qui nous permettraient de mieux cerner la situation.

Mécanisme comportemental

Ces sentiments mortifiants nous habitent tant que nous ne parvenons pas à saisir le ressort interne qui anime ce genre de personne. C'est pourtant le seul moyen de pouvoir nous affranchir de leur influence.

Une fois que nous avons mis à nu le mécanisme comportemental de la personne abusive et décortiqué toutes ses ramifications, tout se révèle soudain avec une limpidité déconcertante.

Comme le célèbre commissaire, nous pouvons alors nous exclamer: « Bon Dieu, mais c'est bien sûr ! »