Aquaculture
Face à la raréfaction des espèces marines, de nombreux pêcheurs désertent leurs embarcations et se muent en éleveurs. Des produits de la mer provenant uniquement de l'aquaculture, c’est la réalité à laquelle doivent désormais s’habituer les consommateurs.
Poissons en batterie
La crise des pêcheries mondiales favorise la création d’aquacultures le long des littoraux.
Une part importante de la consommation des produits marins provient déjà de cette forme d'élevage et les prévisions de développement en font indubitablement un secteur en pleine expansion.
L’aquaculture est la culture ou l’élevage d’organismes aquatiques incluant diverses espèces de poissons, de mollusques, de crustacés et de plantes aquatiques. L’organisation de ces élevages implique des interventions humaines à chaque stade de sa réalisation : nourriture, stockage, protection contre les prédateurs, mesures d’hygiène etc.
En raison de tous les paramètres à gérer, les aliments qui finissent dans notre assiette risquent de subir les pratiques hasardeuses d’éleveurs incapables ou peu scrupuleux. A l'image de ces élevages intensifs de poissons nourris par les déchets des occupants vivants dans des maisons sur pilotis. Comment éviter que toutes sortes de détritus soient jetés en pâture aux poissons qui finissent dans notre assiette ? C'est la question épineuse qui préoccupe aussi bien les consommateurs que les organismes qui essaient de mettre un peu d'ordre dans les pratiques de l'aquaculture.
Modification génétique
Certains poissons sont élevés avec des produits dérivés d’autres poissons, tels que l'huile ou les farines. A cette fin, on élève également des poissons avec une nourriture ne provenant pas de la mer, car la prélever dans les milieux marins ne résout pas le problème du dépeuplement. Mais certaines espèces sont réfractaires à une alimentation différente de leur environnement naturel.
Les dépôts fécaux qui s’accumulent dans un espace restreint constituent une autre source de préoccupation. Pour prévenir les maladies et la contamination dans l'élevage et faire face aux risques sanitaires auxquels sont exposés les consommateurs, des antibiotiques sont ajoutés dans l'alimentation des poissons.
L'impact avec le milieu naturel n'est pas à négliger non plus. Des poissons sauvages s’infiltrent dans les bassins d'aquaculture et sont ensuite relâchés, de même que des poissons d’élevage passent à travers les mailles du filet et regagnent le large.
Le but de la production est de créer des espèces plus résistantes aux contraintes de l’élevage. La production de spécimens génétiquement modifiés, de constitution plus résistante, risque cependant de mettre en danger l’équilibre des mers en réduisant la diversité des espèces. Les perspectives à long terme de l’interaction avec les espèces sauvages ne sont pas mesurables.
La délocalisation des cultures vers des pays à coût de production inférieur, permet aux distributeurs de maintenir leurs marges de bénéfice tout en proposant aux consommateurs des prix « raisonnables ». Cela a une incidence négative sur la traçabilité écologique des produits issus de l'aquaculture. A ceci s'ajoutent les régulations souvent laxistes des pays producteurs en matière de protection de l'environnement. Tous ces facteurs réclament l'élaboration d’une réglementation plus sévère où la défense des intérêts du consommateur prend le pas sur des questions de rendement économique.