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Les gens heureux

Il ne fait aucun doute que certaines attitudes irréfléchies sont préjudiciables à la réalisation du bonheur. Nous entendons par « attitudes irréfléchies » non seulement les actions engendrées par des décisions impulsives, mais également une grande partie de comportements adoptés instinctivement, bien qu'ils paraissent conformes à l’usage et à la réalité ambiante.

A première vue parfaitement sensées, ces habitudes n’en demeurent pas moins sujettes à caution puisqu’elles ne procurent pas sur le long terme le bonheur escompté.

Morosité ambiante

Face à cette constatation, certains rétorquent que la question du bonheur est un faux problème, une recherche inutile et inévitablement vouée à l’échec, puisque le bonheur n’existe tout simplement pas.

Cette impression négative est toutefois contredite par la réalité des personnes heureuses, dont la joie de vivre détonne au milieu de la morosité ambiante. Dans ce contexte, soit nous considérons le bonheur comme le fruit du hasard, soit nous estimons qu’il découle d’un ensemble de facteurs qu’il est possible de maîtriser et de reproduire. Évidemment une personne heureuse ne passe pas son temps à se préoccuper du bonheur, sinon elle serait la personne la plus malheureuse du monde. Il n’en demeure pas moins que ceux qui désirent lui ressembler doivent faire un certain effort pour changer leur condition.
Nous en tirons donc comme premier enseignement que la poursuite du bonheur sans lucidité semble illusoire. Cette constatation suppose l’application d’un code de conduite. Un ensemble de directives éthiques et morales, basées sur l’expérience des gens heureux et adaptées à la personnalité de chacun.

Liberté

Nous atteignons ainsi le paradoxe de Périclès : "Le secret du bonheur est la liberté. Le secret de la liberté est le courage." L'état de liberté s'oppose apparemment à la contrainte que le courage implique. Pourtant, si nous considérons le courage comme la disposition naturelle d'un individu fidèle à ses qualités de cœur, en adéquation avec ses valeurs morales, nous percevons alors qu'il n'y a rien de nouveau à acquérir qui demande un effort démesuré. Si ce n'est le respect de soi.
Ainsi, l'homme courageux n'est pas celui attiré par les sirènes de la réussite et du pouvoir. Non, c'est celui qui est uniquement mû par la force de son âme dans les situations où le commun des mortels succombe à la lâcheté et à la compromission.

Leurres et bonheur

Résumons notre périple.
Dans un premier temps, notre expérience personnelle nous enseigne que le bonheur existe, car nous croyons reconnaître ses manifestations chez autrui. Habituellement, il s’agit de personnes plus ou moins célèbres, dont la popularité et le niveau social entretiennent l’illusion du bonheur. Cette impression est souvent trompeuse, puisque dans la plupart des cas, elle se base sur une observation superficielle de la réalité.

Notre connaissance du bonheur n’est ainsi que rarement le fruit d’un expérience personnelle ; mais plutôt le reflet d’archétypes véhiculés par les croyances populaires.
Or, comme nous l'avons vu, rien ne s’oppose plus à l’expression du bonheur que la copie ou la contrefaçon. A l’école du bonheur chacun est à la fois maître et élève et chacun doit trouver sa propre voie.

Une autre caractéristique du bonheur est de se suffire à lui-même. Une personne heureuse n’aspire donc pas à autre chose que de vivre pleinement son bonheur. Son état psychologique ne la conduit ni à rechercher plus de bonheur, ni à vouloir le préserver. C’est cette absence de calcul qui caractérise une personne vraiment heureuse.

Ainsi toutes les idées que nous avons sur le bonheur se dissipent d’elles-mêmes lorsque nous le vivons. Par conséquent, chaque fois que nous réfléchissons au bonheur, en voulant le maîtriser, c'est que nous en sommes encore éloignés. C'est le moment de faire preuve de courage et de sortir des sentiers battus !